Professeur Jean-François Trempe

Une paire de protéines, dont le dysfonctionnement est associé à la maladie de Parkinson, travaillent normalement ensemble pour effectuer de précieuses tâches ménagères dans l’organisme. Elles maintiennent les cellules cérébrales en bonne santé, par exemple, en éliminant les substances mortes ou mourantes qui s’y trouvent. Mais ces protéines doivent être étroitement contrôlées, car si elles « aident » trop, elles peuvent devenir nocives. Lorsqu’elles ne sont pas régulées, les protéines endommagées finissent par tuer les cellules cérébrales qu’elles étaient censées sauver. « C’est comme avoir un bulldog en laisse », explique Jean-François Trempe, professeur adjoint au département de pharmacologie et de thérapeutique de l’université McGill. « Vous devez le garder sous contrôle ». Il y a dix ans, Trempe a commencé à étudier la parkine, l’une des plus puissantes de ces protéines. « La parkine est une protéine qui peut détruire des parties de la cellule, vous ne voulez donc pas qu’elle soit active en permanence », explique Trempe. « Vous voulez seulement qu’elle se débarrasse des mauvaises parties des cellules. L’activité de la parkine est contrôlée par une autre protéine, un gène appelé PINK1. PINK1 pénètre constamment dans la mitochondrie, une partie interne de la cellule qui supervise la production d’énergie. Lorsque la mitochondrie est en bonne santé, elle élimine simplement PINK1. En revanche, si elle fonctionne mal, PINK1 s’accumule dans les cellules cérébrales, ce qui signale à Parkin de s’y installer et de les éliminer. La perturbation de la fonction mitochondriale est une caractéristique de la maladie de Parkinson, ce qui a conduit Trempe à considérer PINK1 comme une clé pour comprendre ce processus. D’autres cellules de l’organisme sont également susceptibles d’être endommagées par les mitochondries, mais elles parviennent à se rétablir. Les cellules cérébrales qui ne se rétablissent pas semblent être soumises à un stress et sont donc plus sensibles à la perte de PINK1. « C’est ce que je trouve fascinant : pourquoi une mutation dans un gène que l’on trouve partout n’entraîne-t-elle la perte que d’un sous-ensemble de neurones ? « C’est ce que nous pensons qu’il se passe. Il existe très peu de gènes comme PINK1 dans l’organisme, ce qui rend son étude d’autant plus intéressante. Si des composés spécifiques peuvent être identifiés pour stabiliser PINK1 afin que les mauvaises mitochondries soient plus facilement détectées et éliminées par Parkin, le résultat pourrait permettre à ces cellules de se réparer elles-mêmes, empêchant ainsi l’apparition de la maladie de Parkinson. « Nous devons confirmer cette idée (de réparation cellulaire), c’est pourquoi nous menons cette étude de validation du concept », explique Trempe. « Il s’agit d’un outil qui devrait nous permettre d’élaborer des stratégies très efficaces. Le projet pilote de deux ans du Dr Trempe est financé par Peter Cipriano dans le cadre du programme de recherche de Parkinson Canada. Pour en savoir plus sur d ‘autres chercheurs récemment financés, consultez la section recherche du site www.parkinson.ca.