Dr. Susan Fox

La douleur est un compagnon constant pour près de 10 % des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Malheureusement, la plupart d’entre elles ne peuvent tolérer la somnolence et la confusion que provoquent les analgésiques habituels. C’est pourquoi le Dr Susan Fox, neurologue torontoise et professeur à l’université de Toronto, étudie une autre source de soulagement de la douleur. Avec son collègue le Dr Tiago Mestre d’Ottawa, elle mène une étude pilote pour déterminer si 15 personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent bénéficier d’huiles fabriquées à partir de cannabinoïdes, les composés actifs de la marijuana. Actuellement, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent ressentir des douleurs dans les muscles et les articulations en raison de la raideur et de la rigidité provoquées par la maladie. Certaines signalent également une douleur aiguë, souvent dans les jambes ou les pieds, qui est d’autant plus déroutante que les médecins ne peuvent pas en déterminer la cause exacte. « Certains parlent de douleur centrale », explique le docteur Fox. « Elle est probablement médiée par un mécanisme cérébral reflétant la maladie de Parkinson. Les gens l’expriment comme une brûlure désagréable, une douleur lancinante, et c’est très difficile à traiter ». Mme Fox, qui traite les personnes atteintes de la maladie de Parkinson à la clinique des troubles du mouvement de l’hôpital Toronto Western, espère que son étude permettra de découvrir si les personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent tolérer les huiles et éprouver moins de douleur après les avoir utilisées. Elle souhaite également identifier la force et le dosage les plus appropriés. Presque tous les jours, l’un de ses patients lui demande d’essayer la marijuana pour soulager ses tremblements ou sa rigidité. Mais bien que la marijuana puisse aider les gens à se détendre et à se sentir moins rigides temporairement, rien ne prouve qu’elle soulage ces symptômes à long terme, dit-elle. « Il y a toujours cette idée fausse que le cannabis peut aider tout et n’importe quoi », ajoute-t-elle. Mme Fox préférerait que ses patients essaient des médicaments approuvés et sûrs pour soulager les tremblements et la rigidité, et c’est pourquoi cette étude vise à déterminer si les huiles de cannabis sont bénéfiques pour traiter la douleur. L’étude de Mme Fox évaluera également si ces huiles provoquent une somnolence et une baisse de la tension artérielle, ce qui est déjà une préoccupation pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Il existe également un faible risque que l’huile induise ou aggrave des hallucinations, un symptôme dont certaines personnes souffrent déjà. Si les recherches de Mme Fox démontrent que les gens peuvent tolérer l’huile de cannabis et qu’elle n’a pas d’effets secondaires inquiétants, ses résultats pourraient conduire à un essai contrôlé randomisé de plus grande envergure. « Le cannabis présente des risques et des effets secondaires évidents, c’est pourquoi il faut évaluer le rapport risques/bénéfices », explique-t-elle. Plus important encore, Mme Fox espère que l’huile de cannabis n’aidera pas seulement les personnes atteintes de la maladie de Parkinson à se sentir mieux, mais qu’elle soulagera également le fardeau de leurs soignants. « Il s’agit d’un besoin non satisfait », explique-t-elle. « Il est également très difficile pour la famille de voir leur proche souffrir et agoniser. Pour en savoir plus sur d ‘autres chercheurs récemment financés par le programme de recherche de Parkinson Canada, consultez la section recherche du site www.parkinson.ca.