Une habitude de sommeil comme indice de la maladie de Parkinson
Variance génétique du gène SNCA et l’évolution du trouble du comportement en sommeil paradoxal vers la maladie de Parkinson
Ziv Gan-Or était étudiant au doctorat en médecine à l’Université de Tel-Aviv lorsqu’il a eu un trouble du sommeil inhabituel qui a piqué sa curiosité. La plupart des personnes atteintes de cette affection connue sous le nom de trouble du comportement en sommeil paradoxal développent d’autres affections comme la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy, des agrégats de protéines qui s’accumulent dans les neurones et nuisent à leur fonctionnement.
« Pour nous éviter de mimer nos rêves, notre cerveau met en arrêt nos muscles volontaires pendant le sommeil paradoxal, explique-t-il. Les personnes atteintes du trouble du comportement en sommeil paradoxal perdent cette inhibition et miment leurs rêves. Il est devenu évident que ces personnes en sont au stade précoce d’une maladie neurodégénérative. »
Ziv Gan-Or, qui est maintenant professeur adjoint à l’Université McGill et chercheur à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, a été particulièrement intrigué par les niveaux élevés de protéine α-synucléine présents dans le cerveau de ces personnes. Étant donné que ce type d’accumulation est directement associé à l’apparition de la maladie de Parkinson, Ziv Gan-Or a passé les dernières années à préparer ce qui sera la plus grande étude mondiale sur des patients atteints du trouble du comportement en sommeil paradoxal. En collaboration avec 18 centres du monde entier, cette initiative a permis de recruter plus de 1 000 personnes atteintes de cette affection et 3 000 personnes qui n’en sont pas atteintes et qui agiront à titre de sujets témoins.
Cette recherche servira à analyser la constitution génétique de tous les participants, en mettant l’accent sur le gène codant pour l’α-synucléine. Comme on sait déjà que la plupart des personnes atteintes du trouble de comportement en sommeil paradoxal sont susceptibles de développer la maladie de Parkinson au cours des 10 années suivantes, les modèles génétiques qui en découlent pourraient révéler d’importants indicateurs de conversion du trouble du comportement en sommeil paradoxal à la maladie de Parkinson.
« Nous pouvons repérer les personnes à risque beaucoup plus tôt, affirme-t-il. Ce programme ne vise pas la mise au point d’un médicament, mais une fois qu’il existera un médicament pour prévenir la maladie de Parkinson, notre étude contribuera à repérer les patients à un stade beaucoup plus précoce. »
Ziv Gan-Or mènera également une série d’expériences pour examiner comment l’α-synucléine se propage dans l’organisme. Selon lui, en exposant ce processus en détail, il deviendrait plus facile de concevoir des traitements qui améliorent la vie des patients en stoppant brusquement la maladie.
« Cela nous permettra de mieux comprendre comment la génétique influe sur l’évolution de la maladie, explique-t-il. Cela peut servir de cible pour la mise au point future d’un traitement visant à stopper la progression de l’α-synucléine. »