L’incidence des bactéries intestinales sur la maladie de Parkinson
Le microbiome intestinal dans les cas de maladie de Parkinson : fonction et résolution au niveau des espèces
Bien que la maladie de Parkinson détruise les cellules cérébrales qui régissent notre capacité à bouger et à réfléchir, les milliards de microorganismes qui vivent dans notre tractus gastro-intestinal peuvent contribuer de manière importante à la maladie.
À l’université de la Colombie-Britannique et en collaboration avec ses collègues de l’Université de Calgary, la docteure Silke Appel-Cresswell, neurologue et professeure agrégée, utilise des outils de dépistage à haute résolution pour étudier les bactéries dans les intestins des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Cette colonie de bactéries, de champignons et de virus est connue sous le nom de microbiote.
La docteure Appel-Cresswell met en évidence les souches de bactéries précises qui déclenchent l’inflammation ou qui permettent à un trop grand nombre de protéines toxiques de migrer de l’intestin vers le cerveau.
« Selon les preuves que nous avons jusqu’à présent, il semble vraiment que le microbiote des personnes atteintes de la maladie de Parkinson soit différent de celui des personnes qui n’en sont pas atteintes », affirme-t-elle.
Si des souches de bactéries en particulier causent l’inflammation, par exemple, cela pourrait déclencher une réponse immunitaire excessive de l’organisme. Cela pourrait également se traduire par une accumulation de protéine alpha-synucléine, qui endommage les cellules du cerveau, y compris celles qui produisent de la dopamine. Le manque de cellules productrices de dopamine est à l’origine des raideurs, des tremblements et des difficultés à la marche qui caractérisent la maladie de Parkinson.
« Selon les preuves que nous avons jusqu’à présent, il semble vraiment que le microbiote des personnes atteintes de la maladie de Parkinson soit différent de celui des personnes qui n’en sont pas atteintes »
Certaines souches de bactéries peuvent également provoquer une fuite de la paroi intestinale, permettant aux toxines de passer dans la circulation sanguine et éventuellement d’atteindre le cerveau. Un dysfonctionnement de l’intestin peut également causer de la constipation, conduisant à une plus grande inflammation et à un intestin perméable.
« Nous travaillons sur toutes les pièces du casse-tête pour démontrer ce qui se passe », affirme la docteure Appel-Cresswell.
La docteure Appel-Cresswell ainsi que ses collègues les docteurs Davide Martino et Laura Sycuro de Calgary analysent des échantillons fécaux et sanguins obtenus de 300 donneurs de Vancouver et de plus de 100 donneurs de Calgary.
Si elle peut confirmer les mécanismes liant les bactéries intestinales à la maladie de Parkinson, son travail pourrait mener à des traitements qui s’attaquent de manière précoce et agressive au dysfonctionnement de l’intestin, dont la constipation, afin de briser le cercle vicieux. La recherche pourrait également aboutir sur des recommandations en matière de modification du régime alimentaire, y compris l’utilisation de probiotiques. Le rôle de l’alimentation dans la maladie de Parkinson est un autre sujet de recherche étroitement lié qui intéresse la docteure Appel-Cresswell.
Un outil de dépistage qui pourrait également être élaboré en vue de cibler les personnes les plus susceptibles de développer la maladie.
Le Saint Graal serait de rechercher les personnes qui pourraient y être susceptibles, d’analyser leur microbiome fécal, et dans le cas où elles présenteraient des changements qui pointent dans la même direction, d’intervenir précocement, lorsque les symptômes se situent principalement au niveau de l’intestin et que le cerveau n’est pas encore complètement touché par la maladie » explique la docteure Appel-Cresswell.
Les travaux de cette dernière sont également motivés par la maladie d’Alzheimer au stade avancé de son père.
« Ma mission personnelle est de travailler à la prévention des maladies neurodégénératives en général, principalement par des interventions liées au mode de vie comme l’alimentation et l’exercice, compte tenu de mes antécédents familiaux et sportifs », dit-elle.
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Le nouveau projet de la docteure Appel-Cresswell s’appuie sur la recherche précédente visant à étudier le microbiome fongique, un projet appuyé par Parkinson Canada. « C’est l’une des subventions qui a facilité bien d’autres travaux », mentionne-t-elle.
« Ce sont réellement les fonds de lancements, spécialement ces subventions pour projet pilote, qui nous permettent d’aller beaucoup plus loin. Il s’agit du point de départ indispensable à tous ces projets ».
Les subventions de lancement ou pour projet pilote permettent aux chercheurs de mettre à profit le financement provenant d’autres sources.
« On doit commencer quelque part, et c’est une graine que l’on plante et qui se transforme véritablement en un programme complet qui est très interconnecté et qui fait en sorte que nous utilisions toutes les synergies entre tous ces domaines », ajoute-t-elle.
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