Le rôle de l’anxiété dans le blocage de la démarche

Progrès de la compréhension, de la prédiction et de la prévention du blocage de la marche dans les cas de maladie de Parkinson

Dre Kaylena Ehgoetz Martens
Professeure agrégée
Université de Waterloo
Bourse pour nouveau chercheur
90 000$ sur 2 ans

Jusqu’à 80 pour cent des personnes atteintes de la maladie de Parkinson feront l’expérience de figer sur place, un symptôme incapacitant qui provoque des chutes et qui limite l’autonomie des patients.

À l’Université de Waterloo, Kaylena Ehgoetz Martens, professeure agrégée et spécialiste des neurosciences, évalue si l’anxiété est la cause ou le résultat du blocage de la démarche.

« Jusqu’ici, plusieurs de mes travaux visaient à découvrir si l’anxiété était un facteur sous-jacent qui amenait le cerveau à se figer en raison de toute l’information qu’il devait tenter de traiter », explique la professeure Ehgoetz Martens.

Elle cherche maintenant à comprendre « si l’anxiété est l’élément central de tous les épisodes de blocage de la démarche, ou si elle survient uniquement dans un contexte précis : dans certaines situations ou chez un sous-ensemble donné de personnes ».

En travaillant avec les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, la professeure Ehgoetz Martens leur montrera des images d’environnements pouvant engendrer un blocage, et les placera dans des situations virtuelles susceptibles de provoquer le blocage de la démarche. Elle mesurera leurs mouvements, leur rythme cardiaque et leurs ondes cérébrales pendant ces exercices de réalité virtuelle visant à déterminer le rôle de l’anxiété.

« Idéalement, à la fin de ces deux années, nous allons comprendre s’il existe différents sous-types de blocage de la démarche, et si les patients ont besoin de stratégies de traitement distinctes, nous pourrons faire différentes recommandations »

Par exemple, dans un exercice les gens « marcheront » sur une planche virtuelle surélevée par rapport à une surface plane. Un autre scénario virtuel les amènera à manœuvrer par-dessus les seuils ou dans les coins d’un appartement.

« Nous nous attendons à une accélération du rythme cardiaque avant les épisodes de blocage de la démarche, surtout chez les personnes qui sont très anxieuses », mentionne la professeure Ehgoetz Martens.

Si l’anxiété est à l’origine du blocage de la démarche uniquement chez un sous-groupe de personnes, alors le rythme cardiaque ne devrait pas augmenter chez les personnes qui ne sont habituellement pas anxieuses. Si toutefois l’anxiété est l’élément central du blocage de la démarche, alors le rythme cardiaque devrait augmenter dans tous les cas avant tous les épisodes de blocage de la démarche.
Lors de la dernière étape du projet, les gens seront hébergés pendant 24 heures dans un appartement au Schlegel-UW Research Institute for Aging. Là-bas, ils seront équipés de technologie intelligente portable pour mesurer et éventuellement prédire leurs réponses aux environnements qui pourraient déclencher le blocage.

En collaboration avec des collègues ingénieurs, la professeure Ehgoetz Martens espère éventuellement créer des algorithmes qui prédisent les épisodes de blocage, et ultimement concevoir des moyens d’interrompre ou d’éviter le blocage.

« Idéalement, à la fin de ces deux années, nous allons comprendre s’il existe différents sous-types de blocage de la démarche, et si les patients ont besoin de stratégies de traitement distinctes, nous serons capables de faire différentes recommandations », dit-elle.

La professeure Ehgoetz Martens étudie le rôle de l’anxiété dans le blocage de la démarche depuis 15 ans, depuis qu’elle a œuvré comme bénévole auprès d’une femme dont les progrès de réadaptation ont été compromis par un blocage sévère de la démarche.

À l’époque, la recherche était trop limitée pour suggérer le moindre lien entre le stress ou l’anxiété et le blocage, raconte la professeure Ehgoetz Martens. Elle a finalement consacré son Ph. D. à explorer si l’anxiété était un facteur causal.

La professeure Ehgoetz Martin espère que ses travaux aboutiront sur le recours à la pleine conscience ou à d’autres stratégies cognitives pour aider les patients à réduire ou à éviter le blocage de la démarche, l’un des symptômes les plus dérangeants de la maladie de Parkinson.


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La bourse pour nouveau chercheur de Parkinson Canada permettra à la professeure Ehgoetz Martens de mener une recherche indépendante dans un nouveau laboratoire, en nouant un nouveau partenariat avec des ingénieurs de Waterloo et d’autres collègues du sud-ouest de l’Ontario.

« Cela permet un démarrage rapide de mon programme de recherche clinique », affirme-t-elle.

« Cette bourse est la seule que je détiens et qui me donnera la possibilité de poursuivre mes travaux sur le blocage, et elle s’ajoute à au moins 10 années de financement de la part de Parkinson Canada », ajoute-t-elle « Nous nous sommes attaqués à ce problème avec le financement postdoctoral de même que le financement du Ph. D. ».

En s’appuyant sur les travaux qu’elle a réalisés grâce au soutien de Parkinson Canada, la professeure Ehgoetz Martens a récemment été invitée, avec d’autres chercheurs clés internationaux qui étudient le blocage de la démarche à participer à un article de synthèse visant à isoler les facteurs non moteurs qui contribuent au blocage de la démarche. Elle espère que cet article contribuera à « mettre ce domaine de l’avant » pour comprendre les diverses causes du blocage de la démarche.

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