Établir un nouveau lien entre le cerveau et l’organisme
L’USP19 comme nouvelle cible thérapeutique pour empêcher la propagation entre cellules de l’α synucléine dans les cas de maladie de Parkinson.
Une maladie du cerveau peut se propager à l’ensemble de l’organisme, car la dégradation des voies nerveuses entraîne souvent une perte de masse musculaire. Simon Wing, professeur au département de l’endocrinologie et du métabolisme de l’Université McGill, est impatient d’examiner ce lien potentiel dans le cas de la maladie de Parkinson. Sa découverte toute récente d’un lien, possible pourrait offrir une nouvelle perspective sur certains des aspects les plus fondamentaux de cette maladie.
« Mes recherches des 15 dernières années m’ont permis de découvrir un gène qui code une enzyme qui semble être importante dans l’atrophie musculaire », explique-t-il. « Ce gène s’appelle l’USP19. »
Wing étudiait déjà le comportement de ce gène lorsqu’il a été contacté par un chercheur américain qui a découvert que l’USP19 pouvait aussi être étroitement lié à un aspect problématique de la maladie de Parkinson. Au cœur de ce problème se trouve une protéine appelée α-synucléine, qui forme des amas de matériel perturbateur dans les cellules du cerveau. Ce matériel interfère avec la capacité de ces cellules à produire de la dopamine et les cellules affectées semblent également transmettre l’α synucléine à d’autres cellules cérébrales de sorte que la maladie se propage et devient de plus en plus invalidante.
« Notre travail se base sur un modèle de propagation de la maladie de Parkinson par transfert de l’α synucléine d’un neurone malade à un neurone sain », explique Wing. « Toutefois, personne ne sait vraiment comment l’α-synucléine sort du neurone. »
Ce détail est crucial, car si les chercheurs peuvent identifier et bloquer le mécanisme de transmission, un traitement pourrait peut être être conçu pour empêcher la libération de l’α-synucléine par les cellules affectées — arrêtant la progression du Parkinson. Le collègue américain de Wing s’intéressait à l’USP19, qui semble servir de médiateur de ce processus. Plus important encore, le laboratoire de Wing hébergeait déjà des souris génétiquement modifiées déficientes en USP19.
« Nos souris sans USP19, qui ne peuvent probablement donc pas utiliser cette voie pour libérer l’α synucléine hors du neurone, sont-elles protégées contre la progression de la maladie de Parkinson? », demande Wing. Si c’est le cas, ce gène constituerait une cible utile pour des thérapies potentielles.
Wing admet que cette perspective reste une question ouverte, mais qui mérite d’être explorée en raison de sa nouveauté et de ses possibilités excitantes. Il souligne également que cette incursion au cœur de la maladie de Parkinson a été pour lui une expérience d’apprentissage qui l’a amené à travailler avec certains des meilleurs spécialistes du domaine à l’Institut neurologique de Montréal.
« Cette découverte est très prometteuse », conclut il. « Des groupes travaillent déjà sur la mise au point de médicaments pour bloquer l’USP19. Nous pourrions passer d’ici quelques années aux essais cliniques si notre hypothèse s’avère juste. »