Université Laval
Bourses d’études supérieures
20 000 $ sure 2 ans
Effets neuroprotecteurs et anti-inflammatoires des traitements hormonaux modulateurs du système nerveux entérique dans la maladie de Parkinson
Le système gastro-intestinal présente de multiples caractéristiques tellement complexes que les chercheurs médicaux l’appellent le « second cerveau » du corps. Cette description convient particulièrement bien aux chercheurs qui examinent la maladie de Parkinson, puisqu’il est probable que cette maladie provient de l’intestin et se faire d’abord sentir par des problèmes digestifs, et non par les symptômes mieux connus que sont la raideur musculaire, les tremblements et les autres troubles du mouvement.
« De nombreux symptômes non moteurs peuvent se faire sentir jusqu’à 20 ans avant l’apparition des symptômes moteurs », explique Andrée-Anne Poirier, doctorante et chercheuse de l’Université Laval. « Voilà pourquoi nous pensons que la maladie commence en périphérie avant d’atteindre le cerveau. »
Mme Poirier croit que la maladie de Parkinson pourrait commencer à tuer les cellules cérébrales produisant la dopamine après qu’un agent pathogène ou une toxine environnementale entre dans le tractus intestinal, enclenche le processus de la maladie et se déplace vers le cerveau par le nerf vague. Le nerf vague est le plus long nerf crânien et s’étend de l’abdomen au tronc cérébral.
Les travaux de Mme Poirier porte sur une couche dense de tissus nerveux entourant l’intestin, appelée plexus myentérique, lequel peut être affligé des mêmes problèmes que génère la maladie de Parkinson dans le cerveau. La recherche menée au cours des dix dernières années a démontré que l’hormone féminine œstrogène peut protéger les cellules nerveuses de ce genre de dommages, mais le traitement provoque souvent de graves effets secondaires, comme le cancer du sein et l’AVC.
Mme Poirier explore des façons de créer cette neuroprotection sans les effets secondaires. Ses travaux l’ont amenée à mettre à l’essai le raloxifène, un médicament d’abord approuvé par Santé Canada pour traiter l’ostéoporose chez les femmes ménopausées.
Le raloxifène vient se lier à un récepteur hormonal appelé GPER1, qui médie la neuroprotection sans provoquer les effets secondaires de l’œstrogène. Cette propriété en fait un candidat prometteur pour traiter la maladie de Parkinson.
En 2016, Mme Poirier a été le principal auteur d’un article présentant le rôle que ce médicament pourrait jouer pour prévenir la propagation de la maladie de Parkinson à ses tout premiers stades en protégeant davantage les sections périphériques du système nerveux avant que la maladie n’atteigne le cerveau.
En outre, ses travaux démontrent que le raloxifène empêche l’inflammation de l’intestin. L’inflammation a également été liée aux cellules cérébrales produisant la dopamine qui touchent le contrôle moteur. « Nous sommes déjà en mesure de démontrer en laboratoire comment nous avons arrêté le processus inflammatoire qui inflige des dommages aux neurones dopaminergiques », explique-t-elle.
Mme Poirier poursuivra ses études doctorales en examinant d’autres médicaments déjà offerts sur le marché, mais qui n’ont pas encore été mis à l’essai pour voir s’ils pourraient traiter les premiers processus contribuant à l’apparition de la maladie de Parkinson et arrêter sa progression.
Pour Mme Poirier, le « second cerveau » du corps est dorénavant la première ligne de défense contre la maladie de Parkinson.