Dr John Woulfe, professeur agrégé
Université d’Ottawa
Subventions de projets pilotes
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L’alpha-synucléine dans l’appendice vermiforme des personnes atteintes de la maladie de Parkinson : une fenêtre sur déclenchement de la maladie
Des décennies avant qu’elle ne commence à tuer les cellules cérébrales qui produisent la dopamine, soit la substance chimique essentielle au contrôle du mouvement, la maladie de Parkinson a déjà commencé son travail dans les nerfs stimulant l’intestin. Voilà ce que croient maintenant les chercheurs.
À l’Université d’Ottawa, le Dr John Woulfe, neuropathologiste, est à étudier le rôle que ces nerfs, qui vont de l’appendice au cerveau, peuvent jouer dans la genèse de la maladie de Parkinson.
Dans les cellules cérébrales, les dépôts d’une protéine appelée alpha-synucléine ont déjà été associés à l’apparition de la maladie de Parkinson. Si les cellules cérébrales dopaminergiques n’arrivent pas à se débarrasser de ces dépôts de protéines, elles meurent.
Maintenant, le Dr Woulfe et ses collègues ont découvert ces mêmes dépôts d’alpha-synucléine sur les parois de l’appendice et sur les nerfs environnants. Ils ont également trouvé de tels dépôts dans les cellules immunitaires appelées macrophages. Le Dr Woulfe est à comparer les cellules macrophages présentes chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson à celles présentes chez les personnes en santé pour voir si elles se comportent différemment.
« Ces macrophages mangent les protéines anormales et tentent de s’en débarrasser, explique-t-il. Cependant, si on constate des différences soit dans leur nombre, leur répartition ou leur forme, ce pourrait être la preuve que, chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, les cellules immunitaires parviennent difficilement à se débarrasser des protéines anormales. »
Selon la théorie du Dr Woulfe, le processus par lequel les cellules immunitaires décomposent les dépôts de protéines dans l’appendice se fait anormalement en présence de la maladie de Parkinson. Les dépôts peuvent ainsi se propager le long des nerfs, de l’intestin au cerveau.
Si le Dr Woulfe parvient à recueillir des preuves à l’appui de sa théorie, on aurait ainsi une occasion unique et cruciale d’intervenir tôt à l’aide de médicaments ou de tout autre traitement visant à activer les cellules immunitaires. Le but serait d’arrêter la propagation de la maladie de Parkinson bien avant que les symptômes moteurs n’apparaissent.
« Parce que dès qu’une personne présente des symptômes moteurs, elle a déjà perdu 75 % de ses neurones moteurs. Il est alors beaucoup trop tard », estime-t-il.
Pour le Dr Woulfe, dont la belle-mère était atteinte de la maladie de Parkinson, le désir de comprendre d’où provient cette maladie et comment elle progresse n’est pas une simple curiosité intellectuelle.
« Elle a vraiment souffert… C’est donc un autre facteur de motivation, en tant que médecin, de voir la découverte d’un traitement à cette terrible maladie. »