Ken McRae, Professeur,
Brain and Mind Institute,
Université de Western Ontario
Bourse de projet pilote : 40 915 $
Financée par Garden Centre Group Co-op

« Elle conduit une — » : compréhension de la prédiction linguistique chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson

Il arrive souvent que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson aient de la difficulté à suivre une conversation, et ce problème finit par nuire à leurs relations et à leur qualité de vie.

Au Brain and Mind Institute de l’Université de Western Ontario, le professeur Ken McRae et son équipe de recherche tentent d’expliquer les causes de cette difficulté. Pour ce faire, ils étudient surtout la capacité humaine à prédire la suite probable des propos d’un interlocuteur, ainsi que la possibilité ou non que la maladie de Parkinson vienne compromettre cette capacité.

« Nous mettons l’accent sur la signification de la phrase, et non sur la grammaire, dit M. McRae. La compréhension humaine est ainsi faite que notre cerveau peut naturellement, constamment et automatiquement prédire ce que les gens vont nous dire à mesure qu’ils nous parlent. Ce n’est qu’une conséquence naturelle de la façon dont nous comprenons le langage. »

M. McRae et son équipe se servent d’un suiveur oculaire qui enregistre le mouvement du regard des gens lorsqu’ils entendent des phrases et voient des objets à l’ordinateur. Ils peuvent ainsi évaluer la mesure dans laquelle les personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent prévoir le prochain mot de leur interlocuteur en fonction du verbe qui le précède. En suivant le mouvement des yeux de leur sujet lorsqu’il voit divers objets sur un écran, les chercheurs pourront déterminer avec quelle précision il peut prédire le prochain mot qui sera prononcé.

« Par exemple, nous allons ainsi déterminer si les personnes atteintes de la maladie de Parkinson regardent la photo d’une voiture lorsqu’elles entendent le mot “conduire”, comme le font les participants du groupe témoin », dit‑il.

Si le professeur McRae arrive à démontrer que la capacité de prédiction linguistique est compromise chez les personnes souffrant de Parkinson, les spécialistes en pathologie de la parole et du langage pourront alors aborder différemment le problème, notamment à l’aide d’un nouveau traitement « très efficace » pour renforcer la prédiction linguistique. Ce nouveau traitement, appelé Verb Network Strengthening Treatment (VNeST), est une méthode clinique qui aide les gens à mieux comprendre qui fait quoi à qui dans des situations courantes.

Une fois explorée, cette nouvelle piste de solution pourrait améliorer la capacité des personnes atteintes de la maladie de Parkinson à parler à leur famille et à leurs amis et ainsi à jouir d’interactions normales au quotidien. Chercheur en neurosciences cognitives, le professeur McRae a toujours été fasciné par la façon dont les gens comprennent le langage et le monde qui les entoure.

« Lorsqu’on est incapable de parler aux autres, on n’est pas très heureux, explique-t-il. Il s’agit d’un aspect très important de la qualité de vie. »