Département de neurologie et de neurochirurgie,
Université McGill
Bourse de recherche clinique : 100 000 $ sur deux ans
La caféine dans le traitement de la maladie de Parkinson
La réduction de la rigidité, des tremblements et du blocage (freezing) qui caractérisent la maladie de Parkinson ou le ralentissement de la progression de la maladie pourraient se faire sans avoir à formuler un tout nouveau médicament. Le Dr Julius Anang de l’Université McGill et ses collègues pensent qu’il suffirait peut‑être d’augmenter légèrement la consommation de café des patients.
Le neurologue et chercheur clinicien contribue à la réalisation d’un essai clinique sur les effets de la caféine sur les symptômes moteurs des personnes atteintes de Parkinson. Des études antérieures indiquent que les amateurs de café présentent un risque moindre de développer la maladie de Parkinson que ceux qui s’en privent.
Anang et son équipe cherchent à savoir si le café améliore les symptômes moteurs et non moteurs de la maladie de Parkinson, en demandant à des participants à leur étude de prendre des capsules de caféine chaque jour alors que d’autres reçoivent un placebo ou pilule de sucre.
« Nous réévaluerons les participants de l’étude à trois et à six mois pour déterminer si cette pratique engendre ou non des bienfaits moteurs ou autres, mais nous avons l’intention de poursuivre l’étude pendant quatre années et demie pour voir dans quelle mesure les avantages persistent », dit Anang.
Les chercheurs aimeraient bien constater une amélioration immédiate de la capacité de marche ou de mobilité des patients, voire une réduction de la somnolence diurne, de l’anxiété, des symptômes dépressifs, de la fatigue, de la constipation et des changements de la pression artérielle. Si l’état de leurs patients s’améliore, les chercheurs formuleront l’hypothèse que la caféine peut modifier la maladie à long terme en plus d’alléger à court terme certains de ses symptômes.
« La caféine peut-elle ralentir ou arrêter la progression de la maladie de Parkinson? A‑t-elle un effet neuroprotecteur? Nous sommes impatients d’obtenir réponse à ces questions », dit Anang.
Anang s’est intéressé à la neurologie durant ses études de médecine en Allemagne, à la suite d’une rencontre avec un homme de 67 ans souffrant de pneumo-infections à répétition. Quand le neurologue de garde a remarqué la rigidité du patient, il est parvenu à traiter ses symptômes avec de la lévodopa. Le patient a pu éviter des séjours à l’hôpital pour cause d’infection respiratoire pendant un long moment de dire Anang.
« J’ai réalisé qu’il s’agit d’une population de patients que l’on peut vraiment aider. Il y a des cas difficiles certes, mais quand un patient repart le sourire aux lèvres, j’ai le sentiment que nous avons réussi à l’aider et à alléger une bonne part de ses symptômes. »