Régulation des régulateurs
Réseau de protéines et de microARN régulant l’alpha synucléine
Pascale Legault se souvient très bien de ses visites à l’hôpital de soins de longue durée où son père travaillait comme médecin pendant ses études primaires.
Les personnes présentes, dont certaines souffraient sans aucun doute de la maladie de Parkinson, étaient devenues physiquement invalides au point où elles ne pouvaient plus vivre de façon autonome. Elle n’a jamais oublié les implications de cette sombre perspective, même si elle n’avait à l’époque aucune idée de ce qui aurait pu causer ces problèmes.
« Rendre visite à ses patients âgés était toujours pour moi une leçon d’humilité parce que je constatais les limites de la médecine moderne », explique-t-elle.
Aujourd’hui, à titre de chef du Département de biochimie et de médecine moléculaire de l’Université de Montréal, Mme Legault a un profond désir de mieux comprendre les causes de la maladie de Parkinson. Grâce à son souvenir clair de ce que cette maladie peut faire dans la vie des gens, elle se consacre à transcender ces limitations médicales frustrantes.
« Les résultats de cette recherche pourraient changer le paradigme de notre compréhension de la maladie de Parkinson », ajoute-t-elle, en faisant référence à son étude continue d’un mécanisme fondamental associé à cette maladie.
La recherche de Mme Legault se concentre sur l’ARN, une famille de molécules biologiques fondamentales qui façonnent la santé de tous les êtres vivants. Un groupe récemment découvert de ces molécules, connu sous le nom de microARN, assume des fonctions très spécialisées de développement et de métabolisme dans notre corps. Plus particulièrement, ils régulent les niveaux d’une protéine appelée alpha‑synucléine, un élément essentiel des neurones qui composent le système nerveux.
Lorsque les microARN ne parviennent pas à réguler l’alpha-synucléine, cette protéine forme des agrégats qui tuent ces neurones, ce qui entraîne les symptômes que nous associons à la maladie de Parkinson : perte de contrôle musculaire, difficulté à parler et instabilité physique.
« À l’heure actuelle, nous repérons des joueurs clés dans la régulation des niveaux de microARN qui sont importants pour l’homéostasie et qui peuvent être des perturbateurs dans la maladie de Parkinson. »
Grâce à une subvention de projets pilotes de Parkinson Canada, Mme Legault dirige des travaux visant à apprendre comment certains microARN qui régulent l’alpha‑synucléine sont eux-mêmes régulés dans le but ultime de déterminer comment préserver leurs capacités de régulation.
« Nous progressons étape par étape », précise-t-elle, en soulignant que cette recherche s’appuie sur les résultats de sa recherche antérieure dans ce domaine, qui a été financée par Parkinson Canada en 2013.
« Grâce à cette première subvention, nous avons mis au point une technologie pour repérer les protéines qui se lient aux molécules d’ARN, ajoute-t-elle. Cette technologie est maintenant prête à être utilisée pour découvrir des protéines qui régulent les taux de microARN, qui pourraient être la cible de traitements potentiels. »
Son inspiration initiale a gagné en puissance en cours de chemin parce que des membres vieillissants de sa famille élargie ont reçu un diagnostic de maladie de Parkinson.
« C’est le pont entre le projet et la maison. »