Le fer et l’oxygène dans la PSP
Relier l’homéostasie du fer et les modèles de vulnérabilité dans les cas de paralysie supranucléaire progressive
Environ 10 à 15 personnes qui se présentent dans une clinique spécialisée en maladie de Parkinson en quête d’un traitement ont une maladie plus rare, mais plus mortelle – la paralysie supranuclaire progressive, ou PSP.
Comme la maladie de Parkinson, la PSP est un trouble cérébral qui se traduit par des difficultés à la marche et des troubles de l’équilibre. Les personnes atteintes de PSP éprouvent également des difficultés à bouger les yeux, à avaler ainsi que des troubles de l’humeur et de la pensée. Leur espérance de vie est habituellement plus courte que celles des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, et les traitements utilisés pour cette dernière sont moins efficaces pour traiter la PSP.
Les chercheurs croient que, contrairement à la maladie de Parkinson, une protéine appelée tau se replie mal et s’accumule dans les cellules du cerveau, pour finalement les détruire. Dans la maladie de Parkinson, la protéine suspectée est l’alpha-synucléine.
« Nous voulons vraiment intercepter cette maladie avant même que les symptômes cliniques apparaissent ».
À l’Université de Toronto, le docteur Gabor Kovacs, neurologue et chercheur, s’est joint à une équipe de chercheurs qui se penche sur la PSP. Il étudie les accumulations de fer dans les cellules de la région du cerveau à l’origine de la PSP. Le docteur Kovacs examine la façon dont ces cellules métabolisent le fer et l’oxygène, ainsi que leur lien avec la protéine tau et d’autres protéines qui transportent le fer.
« Notre objectif est de trouver les premières étapes conduisant à la maladie, parce que par la suite, nous aurons une stratégie pour la prévenir ou pour mettre au point un traitement ciblé », explique le docteur Kovacs.
Lui et ses collègues étudient deux formes de fer retrouvées dans les cellules de personnes qui ont donné leur cerveau à la recherche après leur mort. Ils évaluent également un regroupement de protéines, y compris la protéine tau, et étudient de quelle façon celles-ci régulent le fer et interagissent avec l’oxygène.
Si le docteur Kovacs peut déterminer quelle forme de fer entraîne la mort des cellules cérébrales précises qui sont impliquées dans la PSP, ce savoir pourrait se traduire par un nouveau médicament ou un nouveau traitement pour inhiber le processus de manière précoce dans la maladie.
« Nous voulons vraiment intercepter cette maladie avant même que les symptômes cliniques apparaissent », affirme le docteur Kovacs, qui a quitté Vienne pour venir travailler avec le docteur Anthony Lang au Rossy Progressive Suprenuclear Palsy Centre en raison de sa focalisation unique sur la PSP. Fils et petit-fils de médecins, il a grandi en Hongrie et fut attiré par la neurologie en raison de son intérêt pour le cerveau humain.
La PSP est une maladie très difficile pour les patients et leurs familles parce qu’elle évolue rapidement, mentionne le docteur Kovacs. En plus d’ouvrir la voir à une nouvelle cible pharmacologique, ses recherches pourraient également aboutir sur un outil de diagnostic.
Le docteur Kovacs espère qu’en fin de compte, ses travaux aideront les personnes atteintes de la PSP à rester plus longtemps en meilleure santé.
« Si nous pouvions étirer la période où ils sont en bonne santé, cela compterait aussi énormément pour les familles », ajoute-t-il.
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La mise au point de nombreux vaccins contre la COVID-19 a démontré l’importance d’avoir un nombre suffisant de chercheurs qui se concentrent sur un objectif commun. C’est ce que le docteur Kovacs souhaite pour le domaine de la maladie de Parkinson et de la PSP, et c’est la raison pour laquelle il affirme que le financement pour la recherche sur les maladies évolutives du cerveau est si important.
« Si nous pouvons constituer une masse critique de chercheurs avec un financement suffisant, alors les choses se passeraient beaucoup plus vite et de manière plus efficace », dit-il.
« Les chercheurs ont besoin de travailler en collaboration et de façon uniformisée », explique le docteur Kovacs.
Le fait de mettre sur pied ces collectifs de recherche bien subventionnés pourrait donner lieu à des avancées dans le domaine de la maladie de Parkinson et de la PSP qui seront réalisées sur des mois ou des années, plutôt que des décennies.
Mais pour l’instant, « nous ne disposons toujours pas d’un financement énorme et de chercheurs qui pourraient produire des résultats pouvant améliorer considérablement l’espérance de vie des patients, ou les périodes sans symptômes », affirme-t-il.
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