Établir l’odorat en tant que symptôme distinctif

Perception chimiosensorielle caractérisant la maladie de Parkinson : imagerie cérébrale fonctionnelle et structurelle

Johannes Frasnelli
Professeur
Université de Québec á Trois-Rivières
Programme de projet pilote
45 000 $ sur 1 ans

Jusqu’à 95 pour cent des personnes atteintes de la maladie de Parkinson perdent le sens de l’odorat pendant une dizaine d’années ou plus avant l’apparition des tremblements, de la rigidité ou d’autres symptômes moteurs qui permettent habituellement aux médecins de diagnostiquer la maladie.

Toutefois, dans la population générale, 20 pour cent des gens perdent également le sens de l’odorat pour d’autres raisons.

Si les chercheurs peuvent cibler les personnes qui développeront la maladie de Parkinson parmi celles qui perdent le sens de l’odorat, ils pourraient mettre au point un outil de diagnostic pour aider les gens à rechercher un traitement des années plus tôt.

L’objectif du professeur Johannes Frasnelli, neuroscientifique à l’Université du Québec à Trois-Rivières, est de jeter les bases de cet outil de dépistage précoce.

Le professeur Frasnelli et son équipe se penchent sur un autre système sensoriel chimique lié à l’odorat, appelé le système trigéminal.

« Ce système sensoriel nous permet de percevoir le côté épicé des piments forts ou la fraîcheur de la menthe », explique le professeur Frasnelli.

Bien que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson soient incapables de sentir d’autres odeurs, elles peuvent tout de même détecter la fraîcheur de plantes comme l’eucalyptus, ou le côté épicé du piment, mentionne-t-il.

Cependant, chez les personnes qui ont perdu le sens de l’odorat pour d’autres raisons, le système trigéminal est également touché.

Cette distinction pourrait aider le professeur Frasnelli à cibler les personnes qui développeront la maladie de Parkinson.

Il fait appel à l’imagerie par résonance magnétique pour effectuer un balayage des cerveaux de personnes réparties dans trois groupes : celles qui sont déjà atteintes de la maladie de Parkinson, celles qui ont perdu le sens de l’odorat pour d’autres raisons que la maladie de Parkinson, et des personnes en bonne santé ».

Le professeur Frasnelli s’attend à observer différents modèles d’activité cérébrale chez chacun des trois groupes de personnes.

En s’appuyant sur ces travaux, il espère mettre au point un test simple et accessible qui pourrait être réalisé en cabinet médical pour enclencher des examens plus poussés visant à diagnostiquer la maladie de Parkinson.

Si les gens obtenaient leur diagnostic plus tôt, cela leur permettrait éventuellement d’obtenir un traitement avant l’altération ou la perte de la majorité des cellules situées dans les régions du cerveau qui contrôlent le mouvement.

L’intérêt du professeur Frasnelli pour la maladie de Parkinson a pris naissance lorsqu’il a travaillé dans une résidence pour personnes âgées dans sa Suisse natale, où il a rencontré de nombreuses personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Lorsqu’il est venu au Canada pour ses études postdoctorales, il a entrepris une carrière en recherche portant sur la façon dont le sens de l’odorat favorise la compréhension du fonctionnement du cerveau.

« Je connais plusieurs personnes atteintes de cette maladie, ainsi que leurs proches, et je comprends à quel point la maladie de Parkinson est difficile », affirme le professeur Frasnelli.

« Il est essentiel d’investir dans cette recherche afin d’offrir aux patients une meilleure qualité de vie et de meilleurs soins dans l’avenir ».


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Concernant l’importance du financement accordé par Parkinson Canada :
« La généreuse contribution aux bourses pour les projets pilotes nous aide grandement à réaliser des études d’une certaine efficacité statistique, qui nous permettent d’analyser notre question de recherche avec une certaine profondeur », explique le professeur Frasnelli. « Elle est essentielle afin de nous permettre de présenter des demandes aux grands organismes subventionnaires en vue d’obtenir des subventions plus importantes ».

Cette recherche suit une voie toute tracée, qui tire ses origines des recherches antérieures du professeur Frasnelli portant sur l’électrophysiologie du cerveau et les déficiences du système olfactif des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

Le professeur Frasnelli a également un intérêt pour le suivi à long terme des patients ayant contracté la COVID-19, car bon nombre d’entre eux perdent le sens de l’odorat pendant l’infection par le virus SRAS-CoV-2. « Il s’agit de spéculation, mais peut-être que dans 10 ou 20 ans, nous verrons apparaître des symptômes de la maladie de Parkinson chez des patients qui sont atteints de la COVID aujourd’hui.

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